L'atelier sera ouvert le dimanche 25 juin à 16h30. Antoine Carbonne et Johan Larnouhet, artistes sélectionnés pour une résidence en juin, présenteront leur travail de peinture en cours. Le public pourra poser toutes les questions qu'il désire.
 Antoine Carbonne et Johan Larnouhet
Antoine Carbonne
 Falling(flood), 2015, acrylique et huile sur toile, 200 x 200 cm
La fin du monde, et pourtant le calme. Des couleurs vives, et pourtant la nostalgie. Le présent, et pourtant le futur. Antoine Carbonne n’est pas à un paradoxe près et explore le monde moderne en perpétuel mouvement, à travers la peinture, dans une logique spatiale et temporelle.
Le peintre s’est tout d’abord intéressé aux constructions du monde, traces du passage de l’homme sur terre, dans un souci de documenter, de raconter notre civilisation et de laisser une empreinte. Ainsi, l’artiste a peint des paysages ou endroits urbains inhabités, nostalgiques et doux, un peu inquiétants : une chaussure abandonnée dans un lieu où la nature reprend ses droits (Yucca), un coucher de soleil volcanique (Sunset), un bâtiment robuste (Pont) qui survivra à l’homme… L’atmosphère est pré-apocalyptique, la fin du monde moderne est proche, l’agonie est lente et tranquille. L’artiste n’est pas alarmiste. C’est après un voyage en Mongolie, où, surpris par l’abondance de 4x4 et bornes wifi dans un pays pourtant réputé sauvage, qu’est née l’obsession d’Antoine Carbonne pour les reliquats d’une société de consommation qu’il sait périssable. À partir d’images personnelles et de photos glanées sur Facebook qu’il découpe et assemble, le peintre, avec une palette fauve-expressionniste, compose des espaces picturaux inconstants en perpétuelle évolution, entre natures mortes contemporaines et Nouveau Réalisme.
Les œuvres d’Antoine Carbonne sont peu à peu repeuplés. Des petits personnages dans de grands paysages semblent perdus dans le cadre, livrés à une attente, pas forcément malheureuse, mais vaine. Le peintre délaisse le « figé » et les objets témoins de nos sociétés oubliées, pour se heurter à une problématique autrement plus complexe : comment archiver le présent ? Recherche artistique articulée autour d’une immense toile ; Room with a view (l’Atelier Rouge), espace intime de l’artiste et tourelle d’observation sur le monde. Référence délibérée à Matisse, l’atelier d’Antoine Carbonne représente son espace mental de création. C’est personnel mais pas narcissique : les fenêtres et la mappemonde sont une ode au paysage, au monde extérieur. Les photos, posters et post-it accrochés au mur, font penser à ces fous dans les thrillers qui relient des portraits de victimes entre eux par des fils de laine rouge. Comme eux dans leur appartement, l’artiste dans son atelier se représente le monde, dans une sorte de recherche monomaniaque, comme une obsession. Les paysages sont plus bizarres que jamais, entre rêve et réalité, ils sont mystérieux et pourtant familiers. S’inspirant toujours de photos Facebook, de collages et de prises de notes, à l’image de Jonas Wood qui incarne « un Pop Art vibrant et un art moderne cool », les œuvres d’Antoine Carbonne, reconstruites et subjectives, inventent une nouvelle temporalité, créée à partir de souvenirs et d’imaginaire. Dans Giant, les personnages semblent perdus dans leur volonté de vivre différemment, dans un monde plein de couleurs. On assiste à une sorte de désenchantement hippie qui fait directement écho à ce que ressent la génération de l’artiste, paumée entre espoir et désillusion.
« Je veux que les gens reconnaissent des instants », martèle l’artiste. Dans une narration saccadée, non didactique, le spectateur parcourt les œuvres d’Antoine Carbonne comme une histoire dont il serait le héros, comme une encyclopédie du monde contemporain, entre nostalgie présente et réel onirisme.
Julie Maury
Voir son Cv
Johan Larnouhet

Sans titre, 2016, huile sur toile, 180 x 180 cm
"Johan Larnouhet fait le choix d'entreprendre une pratique picturale consciente des artifices qu'offre l'élargissement du champ de la production des images à l'ère du numérique. En ce sens, ses réalisations les plus récentes se livrent ainsi à un chantier de construction, sur toiles, d'espaces intérieurs et extérieurs à la suite d'un travail, pour certaines, de composition et de modélisation virtuelle. S'ils donnent le sentiment d'être peints et d'apparaître entre deux mondes, c'est que l'incertitude provient du fait que les sources des éléments qui les constituent, relèvent de la cohabitation de cadres de références aussi concrets que factices. […]" Extrait du Texte de Mickaël Roy (à l’occasion du 61ème salon de Montrouge)
Voir son Cv
|